Charlie! Charlie, on est bien chez toi, à r'garder les toits et à se foutre en l'air juste pour un peu d'air, pour une bricole qui à pas tenu ou qui veut pas tenir, pour un d'ces chagrins qu'on connaissait bien, on est bien chez toi, les heures elles-mêmes s'oublient.

sauf que c'est pas vraiment chez moi tu sais bien, que chez moi c'est demain, et qu'aujourd'hui tout ça, tout ce que tu dis a été balayé dans quelques cartons que je perdrais en route, certainement. comme les grandes personnes, c'est donc ça que l'on appelle déménager! s'en aller en gardant les clefs, parce qu'on ne sait jamais. un piquement à fleur de la chair est si vite arrivé, eihn maman. ben oui, on ne peut pas partir, devenir grand et ne pas avoir de piquement, nonnon ça serait trop simple! d'ailleurs piquement ça n'existe pas. ça devrait parce que c'est bel et bien le meilleur mot pour dire que ça pique comme les porc épics, et que c'est donc pour ça que garder une clef en cachette ne serait pas de trop. au cas que.

je m'allume une toute toute dernière cigarette, les orteils sous quelques tuiles, l'automne semble d'ailleurs n'être plus qu'à quelques rues d'ici, Charlie la fumée rentre! tant pis, ensuite je m'en irai et je fumerai alors sur le balcon, comme tous les invités de papa et maman.
je regarde tout autour, il reste un matelas, ces quelques journaux qui crochent toujours sur les armoires, le cervin et l'arcenciel à la craie, et les yeux en amande du chat. quelques photos histoire de, et puis aurevoir, aurevoir Charlie, reviens quand tu veux, mais pas trop, tu es grande aujourd'hui.

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ps. je crois que ce sont les ronronnements qui me manqueront le plus, au final.